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et un bon sur la poste, avec quelques mots de M. Goulden. Mais ce n’est pas cela qui me touchait le plus et qui me faisait trembler des pieds à la tête, c’était l’écriture de Catherine, que je regardais les yeux troubles sans pouvoir la lire, car mon cœur battait d’une force extraordinaire. Pourtant je finis par me calmer un peu et par lire tout doucement la lettre, en m’arrêtant de temps en temps, pour bien être sûr que je ne me trompais pas, que c’était bien ma chère Catherine qui m’écrivait et que je ne faisais pas un rêve. Cette lettre, je l’ai conservée, parce qu’elle me rendit en quelque sorte la vie; la voici donc telle que je l’ai reçue le 8 juin 1813. « Mon cher Joseph, « Cette lettre est afin de te dire en commençant que je t’aime toujours de plus en plus, et que je ne veux jamais aimer que toi. « Tu sauras aussi que mon plus grand chagrin est de savoir que tu es blessé dans un hôpital, et que je ne peux pas te soigner. C’est un bien grand chagrin. Et depuis le départ des conscrits, nous n’avons pas eu seulement une heure de repos. La mère se fâchait en disant que