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Tu t’appelles ? — Christian Zimmer, maréchal des logis au 2ème d’artillerie à cheval. — Bon ! bon ! » Il pansait alors les blessures et finit par dire en se levant : « Tout ira bien ! » Il se retourna, causant avec les autres, et sortit après avoir fini son tour et donné quelques ordres aux infirmiers. Le vieux canonnier paraissait tout joyeux; comme je venais d’entendre à son nom qu’il devait être de l’Alsace, je me mis à lui parler dans notre langue, de sorte qu’il en fut encore plus réjoui. C’était un gaillard de six pieds, les épaules rondes, le front plat, le nez gros, les moustaches d’un blond roux, dur comme un roc, mais brave homme tout de même. Ses yeux se plissaient quand on lui parlait alsacien, ses oreilles se dressaient; j’aurais pu tout lui demander en alsacien, il m’aurait tout donné s’il avait eu quelque chose; mais il n’avait que des poignées de main qui vous faisaient craquer les os. Il m’appelait Joséphel, comme au pays, et me disait : « Joséphel, prends garde d’avaler les remèdes qu’on te donne... Il ne faut avaler que ce qu’on connaît... Tout ce qui ne sent pas bon ne vaut rien.