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bout de quelques instants, je tournai la tête, et je reconnus que j’étais dans un de ces vastes hangars où les brasseurs du pays abritent leurs tonneaux et leurs voitures. Tout autour, sur des matelas et des bottes de paille, étaient rangés une foule de blessés, et vers le milieu, sur une grande table de cuisine, un chirurgien-major et ses deux aides, les manches de chemise retroussées, coupaient une jambe à quelqu’un ; le blessé poussait des gémissements. Derrière eux se trouvait un tas de bras et de jambes, et chacun peut s’imaginer les idées qui me passèrent par la tête.

Cinq ou six soldats d’infanterie donnaient à boire aux blessés ; ils avaient des cruches et des gobelets.

Mais ce qui me fit le plus d’impression, ce fut ce chirurgien en manches de chemise, qui coupait sans rien entendre ; il avait un grand nez, les joues creuses, et se fâchait à chaque minute contre ses aides, qui ne lui donnaient pas assez vite les couteaux, les pinces, la charpie, le linge, ou qui n’enlevaient pas tout de suite le sang avec l’éponge. Cela n’allait pourtant pas mal, car en moins d’un quart d’heure ils avaient déjà coupé deux jambes.

Dehors, contre les piliers, stationnait une grande voiture pleine de paille.