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ou trois autres ; et, quand les divisions mirent l’arme au pied en avant de Kaya, nous eûmes de la peine à nous reconnaître. On fit l’appel de notre compagnie, il restait quarante-deux hommes, le grand Furst et Léger n’y étaient plus ; mais Zébédé, Klipfel et moi nous avions retiré notre peau de l’affaire.

Malheureusement ce n’était pas encore fini, car ces Prussiens, remplis d’insolence à cause de notre retraite, faisaient déjà de nouvelles dispositions pour venir nous attaquer à Kaya, il leur arrivait des masses de renforts ; et, voyant cela, je pensai que, pour un si grand général, l’Empereur avait eu pourtant une bien mauvaise idée de s’étendre sur Leipzig et de nous laisser surprendre par une armée de plus de cent mille hommes.

Comme nous étions en train de nous reformer derrière la division Brenier, dix-huit mille vieux soldats de la garde prussienne montaient la côte au pas de charge, portant les shakos de nos morts au bout de leurs baïonnettes en signe de victoire. En même temps le combat se prolongeait à gauche, entre Klein-Gorschen et Starsiedel. La masse de cavalerie russe que nous avions vue reluire au soleil le matin, derrière la Gruna-Bach, voulait nous tourner ; mais le 6e corps était arrivé nous couvrir, et les régiments