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loups : « Faterland ! Faterland ! » et nous déchargeant tous leurs feux de bataillon à cent pas, pour ainsi dire dans le ventre.

Après cela commencèrent les coups de baïonnette et de crosse car ils voulaient nous enfoncer ; ils étaient en quelque sorte furieux. Toute ma vie je me rappellerai qu’un bataillon de ces Prussiens arriva juste de côté sur nous, en nous lançant des coups de baïonnette que nous rendions sans sortir des rangs, et qu’ils furent tous balayés par deux pièces qui se trouvaient en position à cinquante pas derrière le carré.

Aucune autre troupe ne voulut alors entrer entre les carrés.

Ils redescendaient la colline, et nous chargions nos fusils pour les exterminer jusqu’au dernier, lorsque leurs pièces recommencèrent à tirer, et que nous entendîmes un grand bruit à droite : c’était leur cavalerie qui venait pour profiter des trous que faisaient leurs canons ! Je ne vis rien de cette attaque, car elle arrivait sur l’autre face de la division ; mais, en attendant, les boulets nous raflaient par douzaines. Le général Chemineau venait d’avoir la cuisse cassée, et cela ne pouvait durer plus longtemps de cette