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le vallon, la pointe du clocher de Gross-Gorschen, et plus loin, à droite et à gauche, cinq ou six petits villages bâtis dans le creux des collines, car c’est un pays de collines, et les villages de Kaya, d’Eisdorf, de Starsiedel, de Rahna, de Klein-Gorschen et de Gross-Gorschen, que j’ai connus depuis, sont entre ces collines, sur le bord de petites mares où poussent des peupliers, des saules et des trembles. Gross-Gorschen, où nous bivaquions, était le plus avancé dans la plaine, du côté de l’Elster ; le plus éloigné était Kaya, derrière lequel passait la grande route de Lutzen a Leipzig. On ne voyait pas d’autres feux sur les collines que ceux de notre division ; mais tout le 3e corps occupait les villages, et le quartier général était à Kaya.

Vers six heures, les tambours battirent la diane, les trompettes des artilleurs à cheval et du train sonnèrent le réveil. On descendit au village, les uns pour chercher du bois, les autres de la paille ou du foin. Il arriva des voitures de munitions, et l’on fit la distribution du pain et des cartouches. Nous devions rester là, pour laisser défiler l’armée sur Leipzig ; voilà pourquoi le sergent Pinto disait que nous serions à l’arrière-garde.

Deux cantinières arrivèrent aussi du village, et,