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s’en réjouissaient. Mais, le lendemain, vers cinq heures du matin, le bataillon repartit en avant-garde.

En face de nous coulait une rivière appelée le Rippach. Au lieu de se détourner pour gagner un pont, on la traversa sur place. Nous avions de l’eau jusqu’au ventre, et je pensais, en tirant mes souliers de la vase : « Si l’on t’avait raconté ça dans le temps, quand tu craignais d’attraper des rhumes de cerveau chez M. Goulden, et que tu changeais de bas deux fois par semaine, tu n’aurais pu le croire ! Il vous arrive pourtant des choses terribles dans la vie ! »

Comme nous descendions la rivière de l’autre côté, dans les joncs, nous découvrîmes, sur des hauteurs à gauche, une bande de Cosaques qui nous observaient.

Ils nous suivaient lentement sans oser nous attaquer, et je vis alors que la vase était pourtant bonne à quelque chose.

Nous allions ainsi depuis plus d’une heure, le grand jour était venu, lorsque tout à coup une terrible fusillade et le grondement du canon nous firent tourner la tête du côté de Clépen. Le commandant sur son cheval, regardait par-dessus les roseaux.

Cela dura longtemps ; le sergent Pinto disait :