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le soir, à Weissenfels. C’est alors qu’on se mit à courir, car, plus on arrive vite, moins les autres ont le temps de tirer : chacun comprenait cela.

Nous arrivâmes en ville par trois endroits : en traversant les haies, les jardins, les perches à houblon, et sautant par-dessus les murs. Le maréchal et les généraux couraient après nous. Notre régiment entra par une avenue bordée de peupliers qui longe le cimetière ; comme nous débouchions sur la place, une autre colonne arrivait par la grande rue.

Là nous fîmes halte, et le maréchal, sans perdre une minute, détacha le 27e pour aller prendre un pont et tâcher de couper la retraite à l’ennemi. Pendant ce temps, le reste de la division arriva et se mit en ordre sur la place. Le bourgmestre et les conseillers de Weissenfels étaient déjà sur la porte de l’hôtel de ville pour nous souhaiter le bonjour.

Quand nous fumes tous reformés, le maréchal prince de la Moskowa passa devant notre front de bataille et nous dit d’un air joyeux :

« À la bonne heure !… à la bonne heure !… Je suis content de vous !… L’Empereur saura votre belle conduite… C’est bien ! »

Il ne pouvait s’empêcher de rire, parce que nous avions couru sur les canons.