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d’une voix forte, que tout le monde put entendre :

« Soldats ! vous allez faire partie de l’avant-garde du 3e corps ; tâchez de vous souvenir que vous êtes Français. Vive l’Empereur ! »

Alors tout le monde cria : « Vive l’Empereur ! » et cela produisit un effet terrible dans les échos de la place.

Le général repartit avec le colonel Zapfel.

Cette nuit même, nous fûmes relevés par les Hessois, et nous quittâmes Erfurt avec le 10e hussard et un régiment de chasseurs badois. À six ou sept heures du matin, nous étions devant la ville de Weimar, et nous voyions au soleil levant des jardins, des églises, des maisons, avec un vieux château sur la droite.

On nous fit bivaquer dans cet endroit, et les hussards partirent en éclaireurs dans la ville. Vers neuf heures, pendant que nous faisions la soupe, tout à coup nous entendîmes au loin un pétillement de coups de fusil ; nos hussards avaient rencontré dans les rues des hussards prussiens, ils se battaient et se tiraient des coups de pistolet. Mais c’était si loin, que nous ne voyions pour ainsi dire rien de ce combat.

Au bout d’une heure, les hussards revinrent ; ils avaient perdu deux hommes. C’est ainsi que commença la campagne.

Nous restâmes là cinq jours, pendant lesquels tout le 3e corps s’avança. Comme nous étions l’avant-