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tout de suite l’écriture de Catherine, ce qui me produisit un si grand effet que mes genoux en tremblaient !

Zébédé prit mon fusil en disant : « Arrive ! »

Il était aussi bien content d’avoir des nouvelles de Phalsbourg.

J’avais caché ma lettre au fond de ma poche, et tous ceux du pays me suivaient pour l’entendre lire. Mais je voulus être assis sur mon lit, bien tranquille avant de l’ouvrir, et seulement lorsqu’on nous eut casernés dans un coin de la Finckmatt et que mon fusil fut au râtelier, je commençai. Tous les autres étaient penchés sur mon dos. Les larmes me coulaient le long des joues, parce que Catherine me racontait qu’elle priait pour moi.

Et les camarades, en entendant cela, disaient :

« Nous sommes sûrs qu’on prie aussi pour nous ! »

L’un parlait de sa mère, l’autre de ses sœurs, l’autre de son amoureuse.

À la fin, M. Goulden avait écrit que toute la ville se portait bien, que je devais prendre courage, que ces misères n’auraient qu’un temps. Il me chargeait surtout de prévenir les camarades qu’on pensait à eux, et que leurs parents se plaignaient de ne pas recevoir un seul mot de leurs nouvelles.

Cette lettre fut