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La fonte des neiges avait commencé le 18 ou le 19 mars. Je me rappelle que pendant la grande revue d’Aschaffenbourg, sur un large plateau d’où l’on découvre le Mein à perte de vue, la pluie ne cessa point de tomber depuis dix heures du matin jusqu’à trois heures de l’après-midi. Nous avions à notre gauche un château, dont les gens regardaient par de hautes fenêtres, bien à leur aise, pendant que l’eau nous coulait dans les souliers. À droite bouillonnait la rivière, que l’on voyait comme à travers un brouillard.

Pour nous rafraîchir encore les idées, à chaque instant on nous criait : « Portez arme ! Arme bas ! »

Le maréchal s’avançait lentement, au milieu de son état-major. Ce qui consolait Zébédé, c’était que nous allions voir le brave des braves.