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« Est-ce que nous aurons la permission de sortir du quartier, les anciens ?

— Derrière le violon, il y a de la place pour s’aligner », répondit un des hussards.

C’était un endroit plein d’orties, derrière la hotte du violon ; un mur l’entourait, et de nos fenêtres on le voyait très bien, il se trouvait juste au-dessous, du côté de la rivière. Zébédé mit sa capote, et dit en se tournant de mon côté :

« Joseph, et toi, Klipfel, je vous choisis pour mes témoins. »

Mais je secouai la tête.

« Eh bien, Furst, arrive ! » dit-il.

Et tous ensembles descendirent l’escalier.

Je croyais Zébédé perdu ; cela me faisait beaucoup de peine, et je pensais : « Voilà que non seulement les Russes et les Prussiens nous exterminent, il faut encore que les nôtres s’en mêlent. »

Toute la chambrée était aux fenêtres ; moi seul, derrière, je restai assis sur mon lit. Au bout de cinq minutes, le bruit des sabres en bas me rendit tout blanc ; je n’avais plus une goutte de sang dans les veines.

Mais cela ne dura pas longtemps, car tout à coup Klipfel s’écria : « Touché ! »

Alors je ne sais comment j’arrivai près d’une fenêtre,