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Le soir, vers cinq heures, nous arrivâmes à Francfort. C’est une ville encore plus vieille que Mayence et pleine de juifs. On nous conduisit dans un endroit appelé Saxenhausen, où se trouvait caserné le 10e hussards et des chasseurs badois. Je me suis laissé dire que cette vieille bâtisse avait été dans le temps un hôpital, et je le crois volontiers, car à l’intérieur se trouvait une grande cour avec des arcades murées ; sous les arcades, on avait logé les chevaux, et au-dessus les hommes.

Nous arrivâmes donc en cet endroit à travers des ruelles innombrables et tellement étroites qu’on voyait à peine les étoiles entre les cheminées. Le capitaine Florentin et les deux lieutenants Clavel et Bretonville nous attendaient. Après l’appel, nos sergents nous conduisirent par détachements dans les chambrées, au-dessus des Badois. C’étaient de grandes salles avec de petites fenêtres ; entre les fenêtres se trouvaient les lits.

Le sergent Pinto suspendit sa lanterne au pilier du milieu ; chacun mit ses armes au râtelier, puis se débarrassa de son sac, de sa blouse et de ses souliers sans dire un mot. Zébédé se trouvait être mon camarade de lit. Dieu sait si nous avions sommeil. Vingt minutes après, nous dormions tous comme des sourds.