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Enfin je bouclai mon sac, et je descendis sans avoir le temps de remercier les bonnes gens qui m’avaient si bien reçu, pensant remplir ce devoir après l’appel.

Au bout de la rue, sur la place, beaucoup de nos Italiens attendaient déjà, grelottant autour de la fontaine. Furst, Klipfel, Zébédé arrivèrent un instant plus tard.

De tout un côté de la place on ne voyait que des canons sur leurs affûts. Des chevaux arrivaient à l’abreuvoir, conduits par des hussards badois ; quelques soldats du train et des dragons se trouvaient dans le nombre.

En face de nous était une caserne de cavalerie haute comme l’église de Phalsbourg ; et des trois autres côtés de la place s’élevaient de vieilles maisons en pointe avec des sculptures, comme à Saverne, mais bien autrement grandes. Jamais je n’avais rien vu de semblable, et, comme je regardais, le nez en l’air, nos tambours se mirent à rouler. Chacun reprit son rang. Le capitaine Vidal arriva, le manteau sur l’épaule. Des voitures sortirent d’une voûte en face, et l’on nous cria, d’abord en italien, ensuite en français, qu’on allait distribuer les armes, et que chacun devait sortir des rangs à l’appel de son nom.

Les voitures s’arrêtèrent à dix pas, et l’appel commença.