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Joseph Bertha, natif de Dabo, canton de Phalsbourg, arrondissement de Sarrebourg, était incorporé dans le 6e léger, et qu’il devait avoir rejoint son corps le 29 janvier, à Mayence.

Cette lettre me produisit un aussi mauvais effet que si je n’avais rien su d’avance ; je regardai cela comme quelque chose de nouveau, et j’en fus indigné.

M. Goulden, après un instant de silence, dit encore :

« C’est aujourd’hui que les Italiens partent, vers onze heures. »

Alors, me réveillant comme d’un mauvais rêve, je m’écriai :

« Mais je ne reverrai donc plus Catherine ?

— Si, Joseph, si, dit-il d’une voix tremblante ; j’ai fait prévenir la mère Grédel et Catherine ; ainsi, mon enfant, elles viendront, tu pourras les embrasser avant de partir. »

Je voyais son chagrin et je m’attendrissais encore plus, de sorte que j’avais mille peines à m’empêcher de fondre en larmes.

Au bout d’une minute il reprit :

« Tu n’as besoin de t’inquiéter de rien, j’ai tout préparé d’avance. Et quand tu reviendras, Joseph, Si Dieu veut que je sois encore de ce monde, tu me trouveras toujours le même. Voici que je commence à me faire vieux ; mon plus