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LE JUIF POLONAIS.


Vous étiez sur la voiture avec le bouquet…(Page 16.)


bonnet, et tu le conserveras toujours. Plus tard, dans quinze ou vingt ans d’ici, tu te rappelleras que c’est ton père qui te l’a donné.

annette, attendrie. — Oui, mon père.

mathis. — Tout ce que je demande, c’est que tu sois heureuse avec Christian. Et maintenant, qu’on m’apporte un morceau, et une bouteille de vin. (Catherine entre dans la cuisine. — À Walter et à Heinrich.) Vous prendrez bien un verre de vin avec moi ?

heinreich. — Avec plaisir, monsieur le bourgmestre.

walter, riant. — Oui, pour toi, nous ferons bien encore ce petit effort. (Catherine apporte un jambon de la cuisine ; elle est suivie par Loïs, qui tient le verre et la bouteille.)

catherine, riant. — Et moi, Mathis, tu ne, m’as rien apporté ! Voyez, les hommes… Dans le temps, quand il voulait m’avoir, il arrivait toujours les mains pleines de rubans ; mais à cette heure…

mathis, d’un ton joyeux. — Allons, Catherine, tais-toi. Je voulais te faire des surprises, et maintenant il faut que je raconte d’avance que le châle, le bonnet et le reste sont dans ma grande caisse, sur la voiture.

catherine. — Ah ! si le reste est sur la voiture, c’est bon, je ne dis plus rien. (Elle s’assied et file. Loïs met la nappe, place l’assiette, la bouteille, le verre. Mathis s’assied à table, et commence à manger de bon appétit. Walter et Heinrich boivent. Loïs sort.)

mathis. —Le froid vous ouvre joliment l’appétit. — À votre santé !