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LA MAISON FORESTIÈRE.


Ils virent déjà le comte lancé sur le sentier du lac… (Page 53.)


Zaphéri, pour voir l’ensemble de la chasse, et s’assurer que les relais donneraient à propos, piqua tout droit sur la roche plate qui domine ce pâté de montagnes. Un quart d’heure après, il attachait son cheval au pied de la roche, à une broussaille, et grimpait sur le plateau, en s’accrochant des pieds et des mains. Lorsqu’il arriva, embrassant l’immense horizon bleuâtre du regard, avec toutes les cimes inférieures, les vallées verdoyantes, les rochers et les pics, et la plaine du Palatinat sur sa gauche à perte de vue, en un coup d’œil il reconnut tous les postes et l’état de la chasse.

Les premiers chiens lâchés avaient déjà dépassé la caverne des Trois-Épis, preuve que l’animal ne s’y trouvait plus. Mais avant de prendre un parti, le veneur attendit encore quelques instants ; il voyait à deux ou trois mille mètres sur sa droite, la longue file des chiens burckars, remontant et suivant toutes les sinuosités de la piste avez leur nez, comme vous pourriez, monsieur Théodore, suivre une ligne sur le papier avec votre crayon ; pas un ne suivait l’autre sans avoir fait le tour du crochet, ce qui montre les bons chiens, qui ne se fient qu’à eux-mêmes. Et c’est ainsi qu’ils arrivèrent l’un après l’autre à la caverne de la bête et qu’ils y entrèrent, puis en repartirent, pour galoper avec une nouvelle ardeur sur l’autre versant de la montagne.

Honeck, ne conservant plus de doute sur le départ de l’animal, emboucha sa trompe pour annoncer l’événement à la chasse. À peine avait-il sonné, que la trompe de Vittikâb lui