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D’UN JOUEUR DE CLARINETTE.


Je m’assis sur mon vieux bahut, la tête entre les mains. (Page 31.)


combien je suis désolée qu’un pareil malheur se soit passé dans mon auberge !

— Et moi encore plus ! cria l’oncle vraiment fâché.

— Vous coucherez ici ?

— Moi, coucher à Kirschberg ? Jamais ! Je ne resterai pas ici plus d’un quart d’heure. On ne me reverra plus dans ce gueux de pays. Dieu me préserve de venir jamais acheter de petits cochons dans un pays pareil. »

Tous les gens de l’auberge s’en allaient l’un après l’autre répandre la grande nouvelle ; au bout d’un quart d’heure, il n’y avait plus dans la salle que l’oncle Conrad, Summer, les servantes et moi, car madame Diederich était aussi sortie pour dire au domestique d’atteler.

« Monsieur Stavolo, vous feriez bien de rester, dit Summer ; il serait dangereux de vous mettre en route.

— Cela m’est égal, dit l’oncle ; j’ai ce pays en horreur.

— Vous êtes décidé !

— Oui.

— Eh bien ! nous pouvons sortir la jambe du baquet et mettre du linge mouillé autour, cela fera le même effet jusqu’à votre arrivée là-bas. »

Il regarda la jambe et dit encore :

« C’est une grosse entorse. »

Puis il l’entoura de linges, que madame Diederich venait d’apporter. Il versa de l’eau dessus, et l’on transporta l’oncle, dans un fauteuil, jusqu’à la voiture. On le mit derrière, la