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L’AMI FRITZ.

Ne crains rien, il n’osera pas te prendre. (Page 5.)

— Oui, allons à la brasserie, s’écrièrent les autres, cela finira bien notre journée. Dieu de Dieu ! quel dîner nous venons de faire. »

Tous se levèrent et prirent leurs chapeaux ; le gros percepteur Hâan et le grand Frédéric Schoultz marchaient en avant, Kobus et Iôsef ensuite, et le vieux David Sichel, tout joyeux, derrière. Ils remontèrent, bras dessus bras dessous, la rue des Capucins, et entrèrent à la brasserie du Grand-Cerf, en face des vieilles halles.


V


Le lendemain, vers neuf heures, Fritz Kobus, assis au bord de son lit, d’un air mélancolique, mettait lentement ses bottes et se faisait à lui-même la morale :

« Nous avons bu trop de bière hier soir, se disait-il en se grattant derrière les oreilles ; c’est une boisson qui vous ruine la santé. J’aurais mieux fait de prendre une bouteille de plus et quatre ou cinq chopes de moins. »

Puis, élevant la voix :

« Katel ! Katel ! » s’écria-t-il.

La vieille servante parut sur le seuil, et, le voyant bâiller, les yeux rouges et la tignasse ébouriffée :

« Hé ! hé ! hé ! fit-elle, vous avez mal aux cheveux, monsieur Kobus ?

— Oui, c’est cette bière qui en est cause ; si l’on m’y rattrape !…