Page:Erckmann-Chatrian - Contes et romans populaires, 1867.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semaines plus tard , maître Andreusse vint me prendre lui-même chez dame Catherine et me conduisit dans son atelier.

La Pêche miraculeuse était suspendue contre le mur, en face des deux hautes fenêtres.

Dieu, quelle œuvre sublime ! Est-il possible qu’il soit donné à l’homme de produire de telles choses !... Cappelmans avait mis là tout son cœur et tout son génie : l’âme de Van Marius devait être satisfaite.

Je serais resté jusqu’au soir, muet d’admiration, devant cette toile incomparable, si le vieux maître, me frappant tout à coup sur l’épaule, ne m’avait dit d’un ton grave :

« Tu trouves cela beau, n’est-ce pas, Christian ? Eh bien, Van Marius avait encore une douzaine de chefs-d’œuvre pareils dans la tête. Malheureusement, il aimait trop l’æle triple et le skidam ; son estomac l’a perdu ! C’est notre défaut, à nous autres Hollandais. Tu es jeune, que cela te serve de leçon ; — le sensualisme est l’ennemi des grandes choses ! »

FIN DE LA PÊCHE MIRACULEUSE