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HUGUES-LE-LOUP

C’était Odile de Nideck. (Page 10.)

cher directement sur le Wald-Horn. Là, si la neige vous le permet, du sommet de ce roc en forme de mitre, qu’on appelle la Roche-Fendue, vous apercevrez, trois crêtes : la Behrenkopf, le Geierstein et le Trielfels. C’est sur ce dernier point, le plus à droite, qu’il faudra vous diriger. Un torrent coupe la vallée de Reetbal, mais il doit être couvert de glace. Dans tous les cas, s’il vous est impossible d’aller plus loin, vous trouverez à gauche, en remontant la rive, une caverne à mi-côte ; la Roche-Creuse. Vous y passerez la nuit, et demain, selon toute probabilité, quand le vent tombera, vous serez en vue du Wald-Horn.

— Je vous remercie, Monsieur.

— Si vous aviez la chance de rencontrer quelque charbonnier, reprit Sperver, il pourrait vous enseigner le gué du torrent ; mais je doute fort qu’il s’en trouve dans la haute montagne par un temps pareil. D’ici, ce serait trop difficile. Seulement ayez soin de contourner la base du Behrenkopf, car, de l’autre côté, la descente n’est pas possible : ce sont des rochers à pic. »

Pendant ces observations j’observais Sperver, dont la voix claire et brève accentuait chaque circonstance avec précision, et le jeune baron, qui l’écoutait avec une attention singulière. Aucun obstacle ne paraissait l’effrayer. Le vieil écuyer ne semblait pas moins résolu.

Au moment de quitter la fenêtre, il y eut une lueur, une éclaircie dans l’espace, un de ces mouvements rapides où l’ouragan saisit des masses de neige et les retourne comme