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L’AMI FRITZ.

« Est-ce que ta mère nous attend ? lui demanda le vieil anabaptiste.

— Pas encore ; elle est seulement en train de dresser la table.

— Bon ! nous avons le temps de voir les écuries. »

Il traversa la cour et ouvrit la lucarne. Kobus regarda l’étable blanchie à la chaux et pavée de moellons, une rigole au milieu en pente douce, les bœufs et les vaches à la file dans l’ombre. Comme tous ces bons animaux tournaient la tête vers la lumière, le père Christel dit :

« Ces deux grands bœufs, sur le devant, sont à l’engrais depuis trois mois ; le boucher juif, Isaac Schmoule, en a envie ; il est déjà venu deux ou trois fois. Les six autres nous suffiront cette année pour le labour. Mais voyez ce petit noir, monsieur, il est magnifique, et c’est bien dommage que nous n’ayons pas la paire. J’ai déjà couru tout le pays pour en trouver un pareil. Quant aux vaches, ce sont les mêmes que l’année dernière ; Roesel est fraîche à lait ; je veux lui laisser nourrir sa petite génisse blanche.

— C’est bon, fit Kobus, je vois que tout est bien. Maintenant, allons dîner, je me sens une pointe d’appétit. »