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L’AMI FRITZ.

sieur Kobus ; c’est le plus grand bien que nous puissions souhaiter ; qu’il en soit béni ! Mais tenez, voici ma femme que la petite est allée prévenir. »

En effet, la bonne mère Orchel, grosse et grasse, avec sa coiffe de taffetas noir, son tablier blanc et ses gros bras ronds sortant des manches de chemise, accourait aussi, la petite Sûzel derrière elle.

« Ah ! Seigneur Dieu ! c’est vous, monsieur Kobus, disait la bonne femme toute riante ; de si bonne heure ? Ah ! quelle bonne surprise vous nous faites.

— Oui, mère Orchel. Tout ce que je vois me réjouit. J’ai donné un coup d’œil sur les vergers, tout pousse à souhait ; et j’ai vu tout à l’heure le bétail qui rentrait de l’abreuvoir, il m’a paru en bon état.

— Oui, oui, tout est bien, » dit la grosse fermière.

On voyait qu’elle avait envie d’embrasser Kobus, et la petite Sûzel paraissait aussi bien heureuse.

Deux garçons de labour, en blouse, sortaient alors avec la charrue attelée ; ils levèrent leur bonnet en criant :

« Bonjour, monsieur Kobus !

— Bonjour Johann, bonjour Kasper, » dit-il tout joyeux.