Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
L’AMI FRITZ.

qui riait en songeant à la prochaine ouverture de la chasse. De temps en temps il se rengorgeait, comme pour dire quelque chose ; mais il se recouchait lentement au dos de son fauteuil, sa main grasse, chargée de bagues, sur la table à côté de son verre.

Iôsef avait l’air grave, sa figure cuivrée exprimait la contemplation intérieure ; il avait rejeté ses grands cheveux laineux loin de ses tempes, et son œil noir se perdait dans l’azur du ciel, au haut des grandes fenêtres.

Kobus, lui, riait tellement en écoutant le grand Frédéric, que son nez épaté couvrait la moitié de sa figure, mais il n’éclatait pas, quoique ses joues relevées eussent l’apparence d’un masque de comédie.

« Allons, buvons, disait-il, encore un coup ! la bouteille est encore à moitié pleine. »

Et les autres buvaient, la bouteille passait de main en main.

C’est en ce moment que le vieux David Sichel entra, et l’on peut s’imaginer les cris d’enthousiasme qui l’accueillirent :

« Hé ! David !… Voici David !… À la bonne heure !… il arrive ! »

Le vieux rabbin promenant un regard sardonique sur les tartes découpées, sur les pâtés effon-