Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
L’AMI FRITZ.

— Qui donc… qui donc ?

— Sûzel, fit-il en sanglotant.

— La petite Sûzel… la fille de ton fermier ?… tu l’aimes ?

— Oui !

— Ah !… fit le vieux rebbe en se redressant, les yeux écarquillés d’admiration, c’est la petite Sûzel, il aime la petite Sûzel !… Tiens… tiens… tiens… j’aurais dû m’en douter !… Mais je ne vois pas de mal à cela, Kobus… cette petite est très-gentille… C’est ce qu’il te faut… tu seras heureux, très-heureux avec elle…

— Ils veulent la donner à un autre ! interrompit Fritz désespéré.

— À qui ?

— À un anabaptiste.

— Qui est-ce qui t’a dit cela ?

— La mère Orchel… tout à l’heure… elle est venue exprès…

— Ah ! ah ! bon… maintenant je comprends : elle est venue lui dire cela tout simplement, sans se douter de rien… et il s’est trouvé mal… Bon, c’est clair… c’est tout naturel. »

Ainsi se parlait David, en faisant deux ou trois tours dans la chambre, les mains sur le dos.

Puis, s’arrêtant au pied du lit :