et qui venait le remercier au premier rayon de soleil.
Depuis, tous les ans Iôsef revenait à la même époque, tantôt seul, tantôt avec un ou deux de ses camarades, et Fritz le recevait comme un frère.
Donc Kobus revit ce jour-là son vieil ami le bohémien, ainsi que je viens de vous le raconter ; et quand la basse ronflante se tut, quand Iôsef, lançant son dernier coup d’archet, leva les yeux, il lui tendit les bras derrière les rideaux en s’écriant : « Iôsef ! »
Alors le bohémien vint l’embrasser, riant en montrant ses dents blanches, et disant :
«Tu vois, je ne t’oublie pas… la première chanson de l’alouette est pour toi !
— Oui… et c’est pourtant la dixième année ! » s’écria Kobus.
Ils se tenaient les mains et se regardaient, les yeux pleins de larmes.
Et comme les deux autres attendaient gravement, Fritz partit d’un éclat de rire, et dit :
« Iôsef, passe-moi mon pantalon. »
Le bohémien ayant obéi, il tira de sa poche deux thalers.
« Voici pour vous autres, dit-il à Kopel et à Andrès ; vous pouvez aller dîner aux Trois-Pigeons. Iôsef dîne avec moi. »