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L’AMI FRITZ.

« Vous avez quelque chose, monsieur Kobus ?

— Non, ce n’est rien, » fit-il en se levant.

L’idée qu’un autre allait épouser Sûzel lui déchirait le cœur. Il voulait aller prendre un verre d’eau pour se remettre ; mais cette secousse était trop forte, ses genoux tremblaient, et comme il étendait, la main pour saisir la carafe, il s’affaissa et tomba sur le plancher tout de son long.

C’est alors que la mère Orchel fit entendre des cris :

« Katel ! Katel ! votre monsieur se trouve mal ! Seigneur, ayez pitié de nous ! »

Et Katel donc, lorsqu’elle entra tout effarée, et qu’elle vit ce pauvre Fritz étendu là, pâle comme un mort, c’est elle qui leva les mains au ciel, criant :

« Mon Dieu ! mon Dieu ! mon pauvre maître ! Comment cela s’est-il fait, Orchel ? Je ne l’ai jamais vu dans cet état !

— Je ne sais pas, mademoiselle Katel ; nous étions tranquillement à causer de Sûzel… il a voulu se leyer pour prendre un verre d’eau, et il est tombé !

— Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! pourvu que ce ne soit pas un coup de sang ! »

Et les deux pauvres femmes, criant, gémissant et se désolant, le soulevèrent, l’une par les