Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
L’AMI FRITZ.

« Vous trouvez donc que cela me va bien ?

— C’est-à-dire, s’écria Hâan, que tu nous écrases, que tu nous anéantis ! Je voudrais bien savoir pourquoi tu nous as tendu ce guet-apens.

— Hé ! fit Kobus en riant, c’est à cause des Prussiens.

— Comment ! à cause des Prussiens ?

— Sans doute ; ne savez-vous pas que des centaines de Prussiens vont à la fête de Bischem ; des gens glorieux, mis à la dernière mode, et qui nous regardent de haut en bas, nous autres Bavarois.

— Ma foi non, je n’en savais rien, dit Hâan.

— Et moi, s’écria Schoultz, si je l’avais su, j’aurais mis mon habit de landwehr, cela m’aurait mieux posé qu’une camisole de nankin ; on aurait vu notre esprit national… un représentant de l’armée.

— Bah ! tu n’es pas mal comme cela, » dit Fritz.

Ils se regardaient tous les trois dans la glace, et se trouvaient fort bien, chacun à part soi ; de sorte que Hâan s’écria :

« Toute réflexion faite, Kobus a raison ; s’il nous avait prévenus, nous serions mieux ; mais cela ne nous empêchera pas de faire assez bonne figure. »

Schoultz ajouta :

« Moi, voyez-vous, je suis en négligé ; je vais à