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L’AMI FRITZ.

— Sans doute.

— Eh bien prenez donc cet habit bleu de ciel, qui n’a jamais été mis. Regardez ! »

Elle découvrait les boutons dorés, encore garnis de leur papier de soie :

« Je ne me connais pas aux nouvelles modes ; mais cet habit m’a l’air beau ; c’est simple, bien découpé, c’est aussi léger pour la saison, et puis le bleu de ciel va bien aux blonds. Il me semble, monsieur, que cet habit vous irait tout à fait bien.

— Voyons, » dit Kobus.

Il mit l’habit.

« C’est magnifique… Regardez-vous un peu.

— Et derrière, Katel ?

— Derrière, il est admirable, monsieur, il vous fait une taille de jeune homme. »

Fritz, qui se regardait dans la glace, rougit de plaisir.

« Est-ce bien vrai ?

— C’est tout à fait sûr, monsieur, je ne l’aurais jamais cru ; ce sont vos grosses capotes qui vous donnent dix ans de plus, c’est étonnant. »

Elle lui passait la main sur le dos :

« Pas un pli ! »

Kobus, pirouettant alors sur les talons, s’écria :

« Je prends cet habit. Maintenant un gilet, là