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L’AMI FRITZ.

neuf heures, et demandant pour postillon le vieux Zimmer, qui avait conduit autrefois l’empereur Napoléon Ier.

Cela fait, entendu, arrêté, le père Fânen le reconduisit jusque hors la cour ; ils se serrèrent la main, et Fritz, satisfait, se remit en route vers la ville.

Tout en marchant, il se figurait la surprise de Sûzel, du vieux Christel et de tout Bischem, lorsqu’on les verrait arriver, claquant du fouet et sonnant du cor. Cela lui procurait une sorte d’attendrissement étrange, surtout en songeant à l’admiration de la petite Sûzel.

Le temps ne lui durait pas. Comme il se rapprochait ainsi de Hunebourg, tout rêveur, le vieux rebbe David, revêtu de sa : belle capote marron, et Sourlé, coiffée de son magnifique bonnet de tulle à larges rubans jaunes, attirèrent ses regards dans le petit sentier qui longe les jardins au pied des glacis. C’était leur habitude de faire un tour hors de la ville tous les jours de sabbat ; ils se promenaient bras dessus bras dessous, comme de jeunes amoureux, et chaque fois David disait à sa femme :

« Sourlé, quand je vois cette verdure, ces blés qui se balancent, et cette rivière qui coule lentement, cela me rend jeune, il me semble encore te