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L’AMI FRITZ.

Liège et de Gand, dans les Flandres ; de Beaucaire, en France. Aujourd’hui, la foire est perpétuelle, et jusque dans nos plus petits villages, on trouve de tout pour son argent. Chaque chose à son bon et son mauvais côté ; nous pouvons regretter les courses au sac et le tir au mouton, sans blâmer les progrès naturels du commerce.

— Tout cela n’empêche pas que nous sommes des ânes de croupir au même endroit, répliqua Fritz, lorsque nous pourrions nous amuser, boire de bon vin, danser, rire et nous goberger de toutes les façons. S’il fallait aller à Beaucaire ou dans les Flandres, on pourrait trouver que c’est un peu loin ; mais quand on a tout près de soi des fêtes agréables, et tout à fait dans les vieilles mœurs, il me semble qu’on ferait bien d’y aller.

— Où cela ? s’écria Hâan.

— Mais à Hartzwiller, à Rorbach, à Klingenthâl. Et tenez, sans aller si loin, je me rappelle que mon père me conduisait tous les ans à la fête de Bischem, et qu’on servait là des pâtés délicieux… délicieux ! »

Il se baisait le bout des doigts ; Hâan le regardait comme émerveillé.

« Et qu’on y mangeait des écrevisses grosses comme le poing, poursuivit-il, des écrevisses beaucoup meilleures que celles du Losser, et qu’on y