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L’AMI FRITZ.

son gilet de velours à carreaux verts et rouges, et son large feutre noir.

Quelques vieilles le balai à la main, les regardaient passer en disant : « Ils vont ramasser l’argent des villages ; ça prouve qu’il est temps d’apprêter notre magot ; la note des portes et fenêtres va venir. Quel gueux que ce Hâan ! Penser que tout le monde doit s’échiner pour lui, qu’il n’en a jamais assez, et que la gendarmerie le soutient ! »

Puis elles se remettaient à balayer de mauvaise humeur.

Une fois hors de l’avancée, Hâan et Kobus se trouvèrent dans les brouillards de la rivière.

« Il fait joliment frais ce matin, dit Kobus.

— Ha ! ha ! ha ! répondit Hâan en claquant du fouet, je t’en avais bien prévenu hier. Il fallait mettre ta camisole de laine ; maintenant, allonge-toi dans la paille, mon vieux, allonge-toi. — Hue ! Foux, hue !

— Je vais fumer une pipe, dit Kobus, cela me réchauffera. »

Il battit le briquet, tira sa grande pipe de porcelaine d’une poche de côté, et se mit à fumer gravement.

Le cheval, une grande haridelle du Mecklembourg, trottait les quatre fers en l’air ; les arbres suivaient les arbres, les broussailles les broussailles.