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L’AMI FRITZ.

solide, il me remboursera dans un an ou deux, au plus tard.

— Tu le veux, dit Fritz en se levant, soit ; mais, écoute : tu payeras des intérêts cette fois, cinq pour cent. Je veux bien te prêter sans intérêt, mais aux autres…

— Eh ! mon Dieu, qui te dit le contraire, fit David, pourvu que ces pauvres enfants soient heureux ! le père me rendra les cinq pour cent. »

Kobus ouvrit son secrétaire, compta deux cents florins sur la table, pendant que le vieux rebbe regardait avec impatience ; puis il sortit le papier, l’écritoire, la plume, et dit :

« Allons, David, vérifie le compte.

— C’est inutile, j’ai regardé et tu comptes bien.

— Non, non, compte ! »

Alors le vieux rebbe compta, fourrant les piles dans la grande poche de sa culotte, avec une satisfaction visible.

« Maintenant, assieds-toi là, et fais mon billet à cinq pour cent. Et souviens-toi que si tu n’es pas content de mes plaisanteries, je puis te mener loin avec ce morceau de papier. »

David, souriant de bonheur, se mit à écrire. Fritz regardait par-dessus son épaule, et, le voyant près de marquer les cinq pour cent :

« Halte ! fit-il, vieux posché-isroel, halte !