Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
L’AMI FRITZ.

Et rêvant encore à la ferme, il se prit à songer que le séjour des villes n’est vraiment agréable qu’en hiver ; qu’il fait bon aussi changer de nourriture quelquefois, car la même cuisine, à la longue, devient insipide. Il se rappela que les bons œufs frais et le fromage blanc, chez l’anabaptiste, lui faisaient plus de plaisir au déjeuné, que tous les petits plats de Katel.

« Si je n’avais pas besoin, en quelque sorte, de faire ma partie de yourker, de prendre mes chopes, de voir David, Frédéric Schoultz et le gros Hâan, se dit-il, j’aimerais bien passer six semaines ou deux mois de l’année à Meisenthâl. Mais il ne faut pas y songer, mes plaisirs et mes affaires sont ici : c’est fâcheux qu’on ne puisse pas avoir toutes les satisfactions ensemble. »

Ces pensées s’enchaînaient dans son esprit.

Enfin, onze heures ayant sonné, la vieille servante vint dresser la table.

« Eh bien ! Katel, lui dit-il en se retournant, et mes beignets ?

— Vous avez raison, monsieur, ils sont tout ce qu’on peut appeler de plus délicat.

— Tu les as réussis ?

— J’ai suivi la recette ; cela ne pouvait pas manquer.

— Puisqu’ils sont réussis, dit Kobus, tout doit