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L’AMI FRITZ.

vin du Rhin qu’il avait achetées l’automne précédent. Il envoya Katel chercher le tonnelier, et se revêtit d’une grosse camisole de laine grise, qu’il mettait pour vaquer aux soins de la cave.

Le père Schweyer arriva, son tablier de cuir aux genoux, le maillet à la ceinture, la tarière sous le bras, et sa grosse figure épanouie.

« Eh bien, monsieur Kobus, eh bien ! fit-il, nous allons donc commencer aujourd’hui ?

— Oui, père Schweyer, il est temps, le markobrunner est en fût depuis quinze mois, et le steinberg depuis six ans.

— Bon… et les bouteilles ?

— Elles sont rincées et égouttées depuis trois semaines.

— Oh ! pour les soins à donner au noble vin, dit Schweyer, les Kobus s’y entendent de père en fils ; nous n’avons donc plus qu’à descendre ?

— Oui, descendons. »

Fritz alluma une chandelle dans la cuisine ; il prit une anse du panier à bouteilles, Schweyer empoigna l’autre, et ils descendirent à la cave. Arrivés au bas, le vieux tonnelier s’écria :

« Quelle cave, comme tout est sec ici ! Houm ! houm ! Quel son clair. Ah ! monsieur Kobus, je l’ai dit cent fois, vous avez la meilleure cave de la ville. »