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Romans nationaux illustrés par riou

Waterloo
SUITE
DU CONSCRIT DE 1813
par
ERCKMANN-CHATRIAN

La paix revenait. (Page 3.)

I

Je n’ai jamais rien vu d’aussi joyeux que le retour de Louis XVIII, en 1814. C’était au printemps, quand les haies, les jardins et les vergers refleurissent. On avait eu tant de misères depuis des années, on avait craint tant de fois d’être pris par la conscription et de ne plus revenir, on était si las de toutes ces batailles, de toute cette gloire, de tous ces canons enlevés, de tous ces Te Deum, qu’on ne pensait plus qu’à vivre en paix, à jouir du repos, à tâcher d’acquérir un peu d’aisance et d’élever honnêtement sa famille par le travail et la bonne conduite.

Oui, tout le monde était content, excepté les vieux soldats et les maîtres d’armes. Je me rap-