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Histoire d’un paysan.

En intérieur. À droite une étagère à cinq niveaux pleine de livres posée sur un buffet. À gauche Michel, tourné vers l’étagère, chapeau à la main. Entre les deux, Marguerite regarde Michel, la main droite tenant le col de Michel, la gauche tenant une lampe à huile posée sur le buffet.
« Michel tu t’instruiras ; sans instruction on n’est rien. » (Page 86.)

ceux de la montagne voulaient déjà prendre leurs fourches et leurs faux pour courir au-devant de ces gueux, qui devaient soi-disant se répandre dans les champs et brûler les moissons. Mais on apprit bientôt que les brigands avaient été massacrés au faubourg Saint-Antoine, chez un marchand de papiers peints qui s’appelait Réveillon, et l’épouvante se calma pour un temps. Plus tard, la peur des brigands revint beaucoup plus forte, et chacun tâcha de trouver de la poudre et des fusils, pour se défendre contre eux lorsqu’ils viendraient. Naturellement ces bruits m’inquiétaient d’autant plus que, pendant près de deux mois, nous n’eûmes plus d’autres nouvelles que celles des gazettes. À la fin pourtant, grâce à Dieu, nous reçûmes une deuxième lettre de Chauvel, et

celle-là je l’ai gardée, ayant eu soin de la copier moi-même, parce que l’autre courait le pays et qu’on ne pouvait plus la ravoir. Un paquet de gazettes, anciennes et nouvelles, arrivait avec la lettre.

Ce même jour, M. le curé Christophe et son frère, le grand Materne, — celui qui s’est battu en 1814 contre les alliés, avec Hullin, — vinrent nous voir.

Le curé n’avait plus les fièvres ; il se sentait à peu près remis et dîna chez nous, ainsi que son frère. C’est devant eux que je lus la lettre ; dame Catherine, Nicole et deux ou trois notables se trouvaient là aussi, bien étonnés de ce que Chauvel, connu pour son bon sens et sa prudence, se permît d’écrire aussi vertement.

Enfin, voici sa lettre ; chacun y verra ce qui