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Histoire d’un paysan.

Vaincre ou mourir ! (Page 238.)
Vaincre ou mourir ! (Page 238.)

voulurent lui donner l’absolution, que s’il exterminait les ennemis de l’Église romaine. Et qu’alors ce libertin sans bon sens et sans cœur, pour obtenir la rémission de ses débauches, donna l’ordre de convertir les protestants de toute la France par tous les moyens, séparant les mères de leurs enfants, envoyant les pères de famille aux galères, confisquant leurs biens, ravageant, incendiant, massacrant ses propres sujets, les faisant périr sur la roue et les réduisant au dernier désespoir.

Il nous dit que ces honnêtes gens avaient mieux aimé tout supporter, que d’être de la religion d’un scélérat pareil ; que des centaines de mille Français, emmenant leurs vieillards, leurs femmes et leurs enfants, avaient fui chez l’étranger malgré les cordons de gendarmes

établis sur les frontières, pour les arrêter ; que ces chefs de famille étant les plus honnêtes, les plus intelligents et les plus laborieux ouvriers et commerçants de leurs provinces, avaient porté le commerce et l’industrie de la France ailleurs ; que l’Allemagne, l’Angleterre, la Hollande et même l’Amérique avaient pris alors le dessus pour la fabrication des étoffes, des cuirs et tentures, des faïences, des verreries, des impressions et d’une quantité d’autres articles qui font la richesse d’une nation ; que le débauché continuant de faire la guerre et de jeter l’argent par les fenêtres, sans avoir le travail et les économies de tant de milliers d’hommes industrieux, pour couvrir ses dépenses, avait ruiné le pays de fond en comble ; et que ce grand Louis XIV, dans ses vieux