Page:Erckmann–Chatrian — Histoire d’un paysan.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
Histoire d’un paysan.

« C’est l’ouvrage de votre brave Nicolas qui vient de déserter. » (Page 196.)
« C’est l’ouvrage de votre brave Nicolas qui vient de déserter. » (Page 196.)

douter que nos représentants n’en fassent usage, lorsque par la suite les vieilles habitudes d’entretenir une foule de laquais, de valets et de courtisans, sera passée de mode à la cour, et que l’on comprendra combien il est triste d’appauvrir celui qui travaille, pour entretenir l’orgueil et la fainéantise des gens qui ne sont bons à rien, qu’à déshonorer l’espèce humaine.

« Oui, cela viendra avec le progrès du bon sens et de la justice ; mais, en attendant, je crois qu’après avoir traversé tant de misères, le peuple aurait tort de se plaindre. Nos conquêtes sont immenses ; nous avons enfin ce que nos malheureux pères ont demandé les mains au ciel pendant des siècles : nous avons des droits solidement établis et des armes pour les

défendre ; au lieu d’être de pauvres animaux courbés sur la terre, nous sommes devenus des hommes.

« Et maintenant que nous avons pris le dessus, malgré les cris, malgré les injures et les calomnies de la race qui vivait à nos dépens, malgré ses ruses pour nous opposer les uns aux autres ; maintenant que ces honnêtes gens partent par milliers et qu’ils vont soulever le ciel et la terre contre nous, en Allemagne, en Angleterre, en Russie ; pendant que les autres, restés en France, abusent de la protection des lois et d’une religion de charité et de fraternité, pour soulever les populations ignorantes du Midi et de l’Ouest contre la constitution ; maintenant que ces bons Français préparent à la fois la guerre civile et l’invasion, pour rattraper

12