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Histoire d’un paysan.

« Ces arbres, Michel, ploieront sous le poids des patriotes pendus après. » (Page 160.)
« Ces arbres, Michel, ploieront sous le poids des patriotes pendus après. » (Page 160.)

sucre, au poivre, au sel ; après le marché et la boucherie, il faut compter avec l’épicier, et puis avec la blanchisseuse, le cordonnier, le tailleur, cela ne finit pas ; il faut acheter, acheter ! Les trois quarts de l’indemnité qu’on nous donne y passent, et le reste, le père le dépense jusqu’au dernier liard en achats de livres, de gazettes, et en souscriptions pour les patriotes malheureux.

« Enfin tout marche, c’est le principal. Malgré les députés de l’Assemblée nationale qui se sont vendus à la cour, le peuple aura ses droits ; et nous pouvons dire qu’il les aura bien gagnés. Seulement, si les vrais représentants de la nation, les honnêtes gens de l’Assemblée et les patriotes avaient laissé faire ces vendus, ils nous auraient déjà remis la bricole ; nous pour-

rions

travailler, peiner et souffrir pour eux, comme avant la convocation des état, généraux. Heureusement les clubs se sont mis en travers ; le premier de tous, c’est le club Breton, séant ici près de nous, au cloître des Jacobins. Le père y va tous les soirs. La se réunissent les meilleurs patriotes, dans une vieille bibliothèque vide, depuis que les Jacobins ont émigré. C’est avec le club des Cordeliers, à la cour du Commerce, de l’autre côté de l’eau, le meilleur de Paris.

« Dans les premiers temps, les représentants seuls y allaient ; mais depuis quelques mois beaucoup de patriotes, qui ne sont pas des l’Assemblée nationale, y vont, et tous les jours on en parle de plus en plus. MM. Danton, Legendre, Fréron, Pétion, Brissot, Camille Des-

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