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Histoire d’un paysan.

« Votre Talleyrand-Périgord est un lâche Judas » (Page 157.)
« Votre Talleyrand-Périgord est un lâche Judas » (Page 157.)

ici à la douzaine, des œufs, qui sont aussi de différentes qualités, lorsqu’ils viennent de Mortagne ou de Picardie ; des huiles, du lard, du savon, enfin de tout.

« La viande est bon marché cette année, le bœuf à quinze sous cinq deniers ; le mouton à seize sous neuf deniers ; le veau à seize sous cinq deniers ; le porc à quinze sous deux deniers.

« Ces choses intéresseront dame Catherine ; la différence est grande avec les prix des Baraques, j’en suis sûre.

« Pour vous donner une idée de ce que la vie coûte, je n’aurais qu’à vous dire que le bois, que le charbon de bois et le charbon de terre se vendent à la livre. Ce sont des Auvergnats qui font ce commerce ; ces gens laborieux vous vendent

tout, jusqu’à l’eau, qu’ils vous apportent sur leurs épaules, au cinquième et sixième étage, à deux liards le baquet ; et, rien que pour allumer le feu, on a de petits fagots qui s’appellent cottrets et qui se vendent dix-neuf livres six sous huit deniers les deux cent huit. Mais comme deux cent huit de ces fagots vous rempliraient la cuisine, il faut les payer deux sous la pièce. Encore les cottrets de quartier et ceux de taillis sont-ils bien différents ; si l’on n’y regardait pas, ces Auvergnats, qu’on appelle les plus honnêtes gens du monde, vous donnerait souvent des uns pour des autres.

« Et ce n’est pas tout, sans parler du lait, qu’on appelle ici de la crème, et du petit bouillon qu’on appelle des consommés ; une fois la

cuisine faite, il faut songer à la chandelle, au