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Histoire d’un paysan.

Une troupe progressant à pieds entre deux collines, baïonnette au fusil. Au centre de l’image, un commandant est à l’avant de la troupe sur un cheval. Un jeune tambour est à côté.
« C’est le canon… la bataille est commencée… En avant !!! » (Page 130.)

Une chose qui fit plus de plaisir que tout le reste aux paysans, c’est le commencement de la vente des biens du clergé.

On pense bien que dans une révolution pareille, quand on abolissait tous les vieux impôts, le déficit allait en augmentant ; et l’Assemblée nationale, qui représentait une nation comme la France, ne pouvait pas suivre l’exemple de nos anciens rois, qui faisaient banqueroute ; elle ne pouvait pas nous déshonorer ! Mais comment payer les dettes de la monarchie ? Où trouver de l’argent ? Par bonheur, l’évêque d’Autun, monseigneur Talleyrand de Périgord, dit que l’Église avait pour quatre milliards de biens, indivis entre deux cent mille religieux de toute sorte qu’en faisant de bonnes pensions à ces religieux, on pouvait

prendre les biens qu’ils avaient en dépôt ; et qu’étant mieux cultivées, ces terres rapporteraient de quoi payer les pensions et même davantage.

C’était une véritable idée du ciel, aussi, malgré tout ce que les autres évêques purent répondre, l’Assemblée nationale décréta que les biens de l’Église seraient vendus et qu’on ferait es pensions aux prêtres.

Cela sauva le pays de la banqueroute ; et l’on commença par vendre pour quatre cents millions de ces biens, en cette année 1790.

Ah ! beaucoup d’anciens, qui n’avaient pas encore donné dans la révolution, devinrent alors très-chauds ; leurs yeux pétillaient, ils prenaient leur vieux sac, où le pauvre argent