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cipe, était extrême et le péril et la nécessité urgents.

Sur ces entrefaites, un jour, mon ami don Juan de Silva, Alferez en activité, me vint voir et me dit qu’il avait eu des mots avec don Francisco de Rojas, de l’habit de Saint-Jacques, qu’il l’avait défié pour cette nuit même, à onze heures, chacun menant un ami, et qu’il n’avait personne autre que moi qui lui pût servir de second. J’hésitai un peu, craignant quelque coup monté pour me prendre. Lui, qui s’en aperçut, me dit : — Si ça ne vous va pas, rien de fait : j’irai seul, car je ne fierai mon flanc à nul autre. — Y pensez-vous ? répondis-je, et j’acceptai.

Au coup de cloche de l’oracion, je sortis du couvent et allai à sa maison. Nous soupâmes et devisâmes jusqu’à dix heures. En les entendant sonner, nous prîmes les épées et les capes et gagnâmes vitement le lieu fixé. L’obscurité était si profonde qu’on