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et qu’il parlerait au Gouverneur pour me faire changer de garnison. Après dîner, il m’emmena chez le Gouverneur et, après lui avoir fait son rapport sur l’arrivée de la troupe, le pria en grâce de lui laisser prendre dans sa compagnie un des nouveaux venus, jouvenceau de sa terre, le seul qu’il eût vu depuis son départ du pays. Le Gouverneur me fit entrer et, en me voyant, je ne sais pourquoi, dit qu’il ne me pouvait laisser permuter. Mon frère piqué sortit. Un moment après, le Gouverneur le rappela et lui dit de faire à son gré.

Donc, les compagnies parties, je demeurai avec mon frère, comme son soldat, mangeant à sa table, quasi trois ans durant, sans qu’il se doutât de rien. Je l’accompagnai quelques fois chez une maîtresse qu’il avait, puis j’y retournai seul. Il le vint à savoir, entra en soupçon et me défendit d’y remettre les pieds. M’ayant guetté, il