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et passai à San Sebastian, mon pays, à dix lieues de là, où je me tins, sans être connu de personne, nippé et galant à merveille. Un jour, j’allai ouïr la messe à mon couvent. Ma mère y assistait aussi. Je vis qu’elle me regardait. Elle ne me reconnut pas. La messe dite, des nonnes m’appelèrent au chœur, mais je fis le sourd et, après force courtoisies, m’esquivai lestement. C’était au commencement de l’année mil six cent trois.

De là, je me rendis au port du Pasage qui n’est qu’à une lieue. J’y fis rencontre du capitaine Miguel de Borroiz dont le navire était en partance pour Séville. Je le priai de m’emmener, et m’appointai avec lui au prix de quarante réaux. Je m’embarquai, nous partîmes et arrivâmes promptement à San Lucar. Aussitôt débarqué, j’allai visiter Séville et, encore que tout me conviât à m’y amuser, je ne m’y arrêtai que deux jours et revins sans plus