Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au bout d’un long chemin, une quarantaine de lieues, ce me semble, j’entrai dans Bilbao, où je ne trouvai ni gîte ni commodité. Et je ne savais que faire de moi. Sur ces entrefaites, quelques garçonnets s’avisèrent de m’entourer et dévisager tant et si bien qu’ils m’importunèrent. Il me fallut ramasser des pierres et les leur jeter. Je dus en blesser un, je ne sais où, car je ne le vis point. Là-dessus, je fus appréhendé au corps et tenu un long mois en la prison, jusqu’à ce qu’il guérit. Alors, on me lâcha. Les frais payés, il me restait quelque monnaie. Je sortis incontinent et partis pour Estella de Navarre, qui doit être à quelque vingt lieues. J’entrai à Estella et m’y accommodai pour page de don Carlos de Arellano, de l’habit de Saint-Jacques, en la maison et service duquel je demeurai deux ans bien traité et vêtu. Après quoi, sans autre raison que mon caprice, je laissai cette commodité