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m’arrangeant avec un muletier qui allait à Valladolid, à quarante-cinq lieues de là, je partis en sa compagnie.

En entrant à Valladolid où se tenait pour lors la Cour, je me plaçai comme page chez don Juan de Idiaquez, secrétaire du Roi. Il me vêtit proprement, et je pris le nom de Francisco Loyola, Je demeurai là sept mois, bien aise. Au bout de ce temps, une nuit que je me tenais à la porte avec un autre page, mon compagnon, mon père survint et s’enquit de nous si le seigneur don Juan était céans. Mon camarade répondit que oui. Mon père lui dit de l’aviser qu’il était là. Le page monta, et je restai avec mon père sans nous dire mot et sans qu’il me reconnût. Le page revint et lui dit de monter. Il entra, je le suivis. Don Juan sortit sur l’escalier et, l’accolant, s’écria : — Seigneur Capitaine, quel bon vent vous amène ? Mon père lui répondit de telle sorte qu’il comprit qu’il