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comte de Olivares me fit aussitôt relâcher. Alors, je m’accommodai avec le comte de Javier qui partait pour Pampelune et lui fis compagnie et service environ deux mois.

De Pampelune, quittant le comte de Javier, je partis pour Rome, car c’était l’année sainte du grand Jubilé. Je m’acheminai par la France. Je souffris de cruelles misères, car, en traversant le Piémont, aux approches de Turin, je fus accusé d’être un espion Espagnol, arrêté, dépouillé du peu de deniers et d’habits que j’avais, et tenu cinquante jours en prison. Après quoi, ces gens ayant, à ce que je présume, fait leurs diligences et n’ayant relevé aucune charge contre moi, me relâchèrent. Mais ils ne me laissèrent pas continuer mon voyage et m’enjoignirent de rebrousser chemin, sous peine des galères. Je dus donc m’en retourner à grand’peine, pauvre, à pied et mendiant. Ayant gagné Toulouse de