quel pays, fils de qui et tout le compte de ma vie, les causes et les voies qui m’avaient conduit là, détaillant tout et mêlant à son interrogatoire de bons conseils sur les risques de la vie, l’effroi de la mort toujours menaçante et l’horreur de l’autre vie pour une âme mal préparée, m’exhortant à m’apaiser, à dompter mon esprit inquiet et à m’agenouiller devant Dieu. Je me sentis devenir tout petit et voyant un si saint homme, comme si j’eusse été devant Dieu, j’avouai tout et lui dis : — Seigneur, tout ce que j’ai conté à Votre Seigneurie Illustrissime est faux. Voici la vérité : Je suis une femme, née en tel lieu, fille d’un tel et d’une telle, mise dans tel couvent, à tel âge, avec une mienne tante ; j’y grandis, pris l’habit et fus novice ; sur le point de professer, je m’évadai pour tel motif, gagnai tel endroit, me dévêtis, me rhabillai, me coupai les cheveux, allai ici et là, m’embarquai, abordai, trafiquai, tuai, blessai,
Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/156
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.