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fusse confessé, de peur que je n’expirasse. Le Père fray Luis Ferrer de Valence, un fameux homme, vint et me confessa. Me voyant mourir, j’avouai mon sexe. Il s’émerveilla, me donna l’absolution et tâcha de me conforter et consoler. Après avoir reçu le viatique, je me sentis plus fort.

Le pansement commença. J’en souffris beaucoup. La douleur et le sang perdu m’ôtèrent tout sentiment. Je restai en cet état quatorze heures et, tout ce temps, ce saint homme ne me quitta pas. Que Dieu le lui paye ! Je revins à moi, appelant Saint Joseph. J’eus là de hautes assistances. Dieu sait pourvoir à la nécessité. Les trois jours se passèrent. Au cinquième, on commença d’espérer. Bientôt, une nuit, on me transporta à San Francisco, dans la cellule du Père fray Martin de Arostegui, où je passai les quatre mois que dura ma maladie. À cette nouvelle, le Corregidor furieux